Sud-Ouest du 31 mars: l'espoir des Kochetov.

Publié le par RESF 40

L'espoir des Kochetov
:Jean-François Renaut

Les Kochetov vivent depuis deux mois et demi dans deux petites chambres d'un hôtel du centre. Il y a Alexander et Galina, les parents, et avec eux Irina et Makariy, leurs enfants de 11 et 6 ans. Ils sont russes et expulsables du jour au lendemain depuis le 29 janvier.
La famille est originaire de Vladivostok d'où elle a fui pour des raisons politiques sur laquelle elle n'a pas envie de s'étendre mais dont on subodore qu'elles sont vitales. « Pas devant les enfants », glisse Galina qui consent à lâcher: «c'était dangereux pour notre vie et celle des enfants ».
Henry Roussy qui les a pris sous sa protection ne dissipe guère le mystère en parlant d'un refus de compromission » et des « menaces d'un député proche du pouvoir ».
La menace est telle que les Kochetov changent de nom et abandonnent tout dont la laiterie qu'Alexander dirigeait. Via l'Allemagne, ils sont arrivés en France il y a trois ans. Une arrivée difficile puisqu'ils sont restés 40 jours dans les rues lyonnaises avant d'être acceptés au Cada (Centre d'accueil des demandeurs d'asile) de Mont-de-Marsan.
Depuis lors, ils tentent d'obtenir des papiers. En vain. Leur demande initiale a été déboutée, idem pour les deux recours qui ont suivi. Un triple refus qui stupéfait Michou Chusseau d'Amnesty international. « Que les Kochetov n'obtiennent pas de papiers est incompréhensible. Leur dossier ne laisse aucun doute sur leurs motivations. »


Enfants scolarisés. À Mont-de-Marsan, Irina et Makariy sont scolarisés. Pendant que son petit frère joue au soldat au pied du lit, la fillette, élève de CM2, explique le plaisir qu'elle a à vivre ici. Dans un excellent français où commencent à rouler des cailloux, elle dit les activités qu'elle dévore avec un appétit insatiable : le dessin et la boxe française, le théâtre et la danse, la gym et la chorale.
À l'école, elle évite de parler de son histoire à ses petites camarades qui elles-mêmes évitent de lui poser trop de questions.
Irina, qui malgré son jeune âge est devenu le porte-parole de la famille, dit qu'elle garde espoir dans la tourmente. « Je pense qu'on peut avoir des papiers. Je crois qu'on les aura. » Elle réfléchit et glisse avec un petit sourire, « j'espère qu'on les aura ».
Sa maman lui caresse la tête. « On espère toujours. Les enfants sont bien intégrés. Parfois, ils parlent mieux le français que le russe. »
La famille est au bord du gouffre mais garde la foi. L'obligation de quitter le territoire dont elle fait l'objet ne la rend aucunement hostile au pays qui pour l'heure refuse de l'adopter.

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